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Blessure

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BLESSURE est une exposition protéiforme d'une quinzaine d’œuvres qui aborde d'une manière transversale l'actualité violente d'un point de vue philosophique, théologique et psychanalytique en revisitant la blessure individuelle et collective qui en résulte, en tant que lieu traumatique d'un renouveau, d'un changement possible.

 

Un regard, une ouverture vers une humanité transcendée ouvrant sur un espace de vie empreint de résilience et d'espérance.

Une interrogation de l'humanité dans son fonctionnement, sa recherche de sens, sa quête spirituelle…

 

L'exposition fait écho aux différents attentats terroristes, à la violence environnementale et religieuse. Elle invite à une réflexion théologique et au dialogue interreligieux.

 

«La Blessure c'est ce que nous avons en commun, qu'elle soit personnelle ou collective.

Elle est lieu de souffrance, mais aussi un terreau propice qui peut faire naître, engendrer un nouveau départ, apporter un nouveau sens, développer une ouverture … ou une fermeture.»

 

L'exposition est à la fois didactique par le titre qui accompagne l’œuvre tout en voulant laisser une part à l'émotion et au ressenti du spectateur.

La plupart des œuvres font référence à une tradition biblique. Aussi ma réflexion pose la question suivante :

« Quelle est la place que nous avons donnée à Dieu dans le monde - Dieu de justice, de paix, de miséricorde et d'amour - proclamé par le monothéisme, mais également par d'autres traditions spirituelles ?»

 

D'autres œuvres encore font simplement appel à notre humanisme et la foi en l'Homme.

«J'ai choisi de les accompagner de citations, de textes, ou des paroles tirées d'autres cultures religieuses et philosophiques afin de souligner l'aspect universel de mes propos.»

A partir de 2011, choqué par l'actualité violente des attentats terroristes Claude Braun réalise une série d'installations, peintures, dessins et vidéo qui questionnent l'homme, sa spiritualité et sa nature violente.

« La notion de « blessure » évoque tout d’abord le mal subi : mal physique, douleur, mais aussi (et de manière indissociable) mal moral, souffrance, c’est-à-dire symbolisation éprouvante, parfois insupportable, de la douleur. La blessure joue sur les deux tableaux : ce qui nous atteint dans notre intégrité physique, et ce qui bafoue notre dignité. Être blessé, c’est se sentir bafoué.

 

Mais la notion de « blessure » évoque ensuite le mal commis : la blessure que j’inflige, ou que je suis tenté d’infliger en retour, en réponse au mal subi. C’est l’engrenage qui remonte à la nuit des temps : la spirale vindicative, la volonté de rendre coup pour coup, « œil pour œil ». Être blessé, c’est ainsi sentir monter en nous cette révolte qui nous pousse à nous venger.

 

Et c’est ici que la figure de la « blessure transformée » prend tout son sens. Nous ne sommes pas déterminés par la fatalité du mal qui engendrerait le mal, du mal subi qui déclencherait un mal commis, du mal commis et du mal subi qui s’interpénètreraient au point de ne plus se distinguer. Non, la blessure peut se transformer en autre chose qu’en une blessure supplémentaire, infligée à son tour par l’être blessé.

 

La blessure est l’occasion de prendre conscience de notre commune humanité : de réaliser que nous sommes tous des êtres souffrants. Des êtres vulnérables, des êtres de finitude, susceptibles de souffrir et de mourir. Celui qui m’a fait mal, celui à qui j’ai fait mal, ainsi que moi-même, nous sommes tous unis dans une même condition. Nous ne sommes pas foncièrement des êtres méchants, mais bien plutôt des êtres souffrants. Dans notre ambivalence fondamentale, nous sommes des êtres faillibles, susceptibles du pire, mais aussi des êtres capables, susceptibles du meilleur.

 

La blessure peut nous ouvrir aux ressources de bienveillance qui sommeillent au fond de nous-mêmes. Ou pour le dire avec les mots de Paul Ricœur : « libérer le fond de bonté des hommes, aller le chercher là où il est complètement enfoui ». Car, poursuivait-il, « aussi radical que soit le mal, il n’est pas aussi profond que la bonté ».

 

La blessure peut donc se transformer en gratitude envers la vie, en compassion envers les autres êtres qui souffrent aussi, en sollicitude même envers ceux qui nous font souffrir, et en solidarité envers tous les êtres vivants.

 

Il n’y a guère de témoignage plus vif porté à ce mystère de la blessure transformée, que les œuvres d’art. Celles de Claude Braun, en particulier, nous font cheminer sur la crête même de cette ambivalence, de ce jeu d’ombre et de lumière, et nous conduisent vers la victoire de cette dernière.

 

Parce que la vie, dans sa nudité, donne prise à la blessure, la blessure elle-même en appelle à un surcroît de vie. La blessure convoque et mobilise la bonté, une bonté en surabondance, pour que la vie l’emporte malgré tout. »

 

Frédéric Rognon professeur de philosophie à la faculté protestante de théologie

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